Grenade assourdissante et étourdissante journée

TEMOIGNAGE, MANIFESTATION 28 AVRIL 2016. Une grenade assourdissante est une grenade défensive utilisée par les forces de l’ordre dans certains pays pour repousser les manifestants. Son utilisation est généralement régie par des règles précises car elle peut blesser très gravement. […] En France, la législation permet de l’utiliser en cas de danger, lorsque les gendarmes mobiles sont encerclés et menacés. Elle doit être envoyée en l’air, pour exploser dans le ciel et ainsi disperser la foule sans risquer de blesser les manifestants.

Hier soir, à 3 h 30, des gendarmes nous ont lancé une grenade dans les pieds alors que nous n’étions plus que quelques dizaines qui nous dispersions calmement aux alentours de la place… Ils continuaient à nous charger sans raison (par plaisir ?).

  • Ils n’étaient pas en danger mais mus par une haine incroyable… Les personnes en danger, c’était nous !
  • Ils ont envoyé cette grenade à nos pieds, blessant une personne, qu’ils ont tapée puis piétinée en chargeant les autres qui voulaient l’aider… Mise en danger de la vie d’autrui.

Et ça, c’était à 3 h 30, après une journée entière de provocation, de gestion catastrophique et dangereuse des situations, de violences extrêmes, de bavures, de gaz très sévères pendant des heures, de haine visible… Hier, j’ai passé les 3/4 de mon temps, entre 14 h et 3 h 30, à me demander si je n’allais pas être blessé ou embarqué, ou les deux.

J’ai vu les gendarmes mobiles refuser de laisser passer un père qui circulait par là en vélo avec son bébé. Ils ont failli renverser le vélo et piétiner ce bébé. J’ai eu peur. J’ai gueulé. On a tous gueulé. On a aidé le père à sortir ce putain de bébé de ce putain de mouvement de foule qu’ils avaient créé et aggravé.

J’ai vu des flics enlever leur brassard puis se fondre dans la masse pour se livrer à leur mission secrète de provoc. J’ai vu les gendarmes mobiles se placer au milieu de la foule, provoquer tout le monde rien que par leur présence, puis en rajouter en poussant les manifestants, au sein même du cortège, en donnant des petits coups de matraque, en les insultant etc. Aucune communication n’était possible.

J’ai vu les flics décider si nous pouvions avancer ou non, si nous pouvions faire notre manif ou nonJ’ai vu des flics taper des gens par plaisir. J’ai vu des gens répliquer par colère extrême, et par envie d’en découdre avec ce système répressif (certains, probablement aussi, par plaisir).

J’ai vu les flics attendre qu’un simple mec bourré lance une canette pour lancer un gazage entier de la place de la République pendant 45 min, l’utilisation de dizaines de grenades assourdissantes et de désencerclement envoyées dans la foule, dans le campement. J’ai été étourdi par ces grenades. Ce n’est pas agréable… J’ai vu les flics ne laisser que peu de portes de sortie à un rassemblement calme mais peu nombreux (dommage, car le nombre fait la force…).

J’ai vu que le pouvoir en place est un rouleau compresseur que nous aurons du mal à combattre. J’ai toujours été de nature plutôt calme, mais récemment, cela devient très dur de le rester quand on voit toute cette violence légitimée par le système…

De mon côté, une petite pause s’impose, mais le combat continue et continuera ! Toutes et tous, réveillons-nous, car de sombres jours arrivent… En tout cas, je resterai debout même si vous finissez par nous tirer dessus à balles réelles !

Bruno.

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