Commission Économie politique : comment se réapproprier l’économie ?

POUR UNE NOUVELLE POLITIQUE ÉCONOMIQUE. Nous sommes le 19 avril 2016. Il est 17 h. Derrière le kiosque rouge, une dizaine de personnes se rassemble, assise en tailleur, autour de la Commission Économie politique pour discuter. Le thème : comment se réapproprier l’économie (en entreprise). Chacun, à tour de rôle, prend la parole. Un modérateur est là pour orchestrer le débat et être attentif à ceux qui veulent apporter un élément de réponse bref ou objecter radicalement. Chacune des interventions est rythmée par les gestes de Nuit Debout. 

Gestes Nuit Debout
Gestes Nuit Debout

En tant que Gazette Debout, je décide de participer. Le premier argument est la possibilité de donner au peuple le droit à la création monétaire. Pouvoir fabriquer de l’argent ? On en rêve tous…

Prise de paroles
Prise de paroles

Très vite, et sans que j’aie le temps de comprendre le rapport, le sujet du made in France est mis sur la table (enfin, par terre). J’ai un avis sur la question, alors j’avance : « il faut se réapproprier le made in France que les marques de luxe se sont accaparé. Résultat : on vend du luxe et nous, comprenez la classe moyenne, achetons des produits à bas coût avec tout ce que cela entraîne en terme d’impact sociétal (exploitation de la misère) et environnemental (pollution…) ». Plusieurs personnes surenchérissent : « le made in France ou le commerce équitable sont dévoyés Le made in France est avant tout un problème de dumping social… En nous faisant croire que nous consommons équitable, on nous dédouane de l’action politique ». Max Havelaar est cité en mauvais exemple.

Prise de notes
Prise de notes

Beaucoup prennent des notes car la conversation est d’un très bon niveau et… il faut suivre ! «  L’information étant imparfaite, le consommateur se base sur des données biaisées… Il ne sait plus ce qu’il doit acheter… Consommer responsable ? C’est mission impossible ! Le consomm’acteur est un leurre ! Nous avons l’illusion de contrôler le monde marchand mais, en réalité, les lobbys détiennent le pouvoir… Comment reprendre le contrôle ? »

Le boycott collectif est une alternative envisagée mais comme « le changement de consommation est compliqué, il faut envisager un changement du système de production… La transparence de la filière doit être une revendication politique ! Il faut créer du capital social régional ».

Réunion
Réunion

J’interviens : « arrêtons de donner du pouvoir aux promoteurs qui construisent des centres commerciaux autour des géants de la distribution (Carrefour, Auchan…). Ils sont en train de ruiner les commerçants indépendants et les centres-villes ! ». Quelqu’un va dans mon sens« d‘autant que, désertification des centres-villes oblige, voici maintenant que Carrefour Market s’implante à l’endroit même où il y avait des petits commerces ». J’applaudis ; je dois avouer que je déteste ces grandes surfaces anonymes dont la France détient le triste record (ou presque) par nombre d’habitants !

Comment créer de la valeur autrement qu’avec de l’argent ? Là est la question ! « Nous sommes largement assez riches ! Plutôt que de parler de richesse, nous devons entrer dans une philosophie du partage ! Nous savons produire de la valeur autrement que par la valorisation de capital : l‘éducation, les hôpitaux» À ce stade, les interventions fusent. Le groupe de participants s’est élargi. Le modérateur appelle à s’asseoir pour que tout le monde puisse se voir et s’entendre.

Ecoute
Ecoute

Le débat débouche immanquablement sur les inégalités financières entre patrons et salariés, d’autant qu’un « capitaliste » – c’est comme cela qu’il se présente -, créateur de start-up vient vanter le modèle américain et se félicite de pouvoir créer une application pour smartphone qui lui permettra (c’est l’interprétation que nous en faisons) de « faire du profit en reprenant les idées énoncées ici » ! Son intervention passe mal… « Il faut imposer un quota entre la part des salaires et celle des profits… Posséder un capital de départ pour  investir dans un projet ne signifie pas que cela va être génial (comprenez profitable) pour tout le monde ! »

Rassemblement
Rassemblement

Objection dans l’assistance : « celui qui investit veut gagner de l’argent, difficile de sortir de cette logique… » Je questionne : « tu prêterais de l’argent à quelqu’un qui te présente un projet sans la garantie que, si ça foire, tu vas renter dans tes frais ? ». Silence. Gêne. Je suis d’autant plus percutente que, moi aussi, tout altruiste que je prétends être, je ne suis pas sûre de ne pas faire ce que nous dénonçons tous ici, assis par terre, à refaire le monde : on ne prête qu’aux riches…

Alors, in fine, comment se réapproprier le capital ? Déjà par « l’actionnariat et la création d’un fonds souverain citoyen… La mutualisation des besoins et des forces… La création de SCOP, sociétés coopératives et participatives (plutôt que SARL)… L’ouverture de comptes bancaires dans un organisme pratiquant les prêts publics transparents, la Nef… Un contrat mobile auprès de Fairphone ».

À ce stade, je dois malheureusement aller rejoindre une amie, « capitaliste » elle aussi, qui peine à acheter dans le VIIe arrondissement parisien…

Si les sujets abordés par la Commission Économie vous intéressent, nous vous invitons à rejoindre ses membres sur la place de la République (voir programme sur le Bulletin officiel) ou sur leur page Facebook, ou à discuter sur leur chat Nuit Debout.

À bon entendeur…

Gazette Debout

Crédits photos:

  • Gestes Nuit Debout: Nuit Debout
  • Commission Economie politique (prise de paroles): Gazette Debout
  • Commission Economie politique (prise de notes): Gazette Debout
  • Commission Economie politique (réunion): Gazette Debout
  • Commission Economie politique (écoute): Gazette Debout
  • Commission Economie politique (rassemblement): Gazette Debout
  • Commission Economie politiquee (signalisation): Gazette Debout

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