Comédie Française : le récit des deux nuits d’occupation

INTERVIEW – Floyan R. un périscopeur engagé dans la Nuit Debout, a passé deux nuits dans le théâtre de la Comédie Française. Il raconte son expérience à la Gazette Debout.

Gazette Debout : Pourquoi avoir choisi d’occuper le théâtre de la Comédie Française ?

Floryan : Nous avons publié un communiqué de presse dès le mercredi matin pour expliquer les raisons de notre présence. À la base, nous souhaitions simplement pénétrer dans le théâtre pour dénoncer les violences policières gratuites devant le théâtre de l’Odéon. Mais la direction a fermé les portes et annulé le spectacle. Ce coup de gueule qui devait être temporaire s’est transformé en occupation.

Gazette Debout : Comment ont réagi les spectateurs qui se trouvaient dans la salle ?

Floryan : Le public est resté assez passif face à nos déclarations. Seules cinq personnes ont eu des échanges assez agressifs avec les intermittents. Les artistes et comédiens étaient également indignés car, pour eux, un spectacle doit se jouer, qu’importe les circonstances. Quant au directeur, même s’il a assuré dans la presse qu’il comprenait nos revendications, il a tenté de nous monter les uns contre les autres. La pression était assez forte.

Comédie Française
Les manifestants ont laissé de petits mots dans la Comédie Française

Gazette Debout : Comment se sont passées ces deux nuits d’occupation ?

Floryan : Nous avons été particulièrement soutenus et ravitaillés par plusieurs personnes. Le premier soir, les équipes de la cantine de Nuit Debout nous ont apporté un grand seau de salade de pâtes. Nous l’avons ensuite utilisé pour nous faire ravitailler via une corde qu’on descendait par le balcon. C’était assez drôle car beaucoup de passants allaient nous chercher des croissants ou des cigarettes que nous remontions dans le seau après leur avoir envoyé l’argent. Mais les CRS n’ont pas aimé ce petit trafic, et pour mieux contrôler ce qui entrait dans le théâtre, ils ont préféré que nous soyons ravitaillés par l’entrée des artistes. Nous n’avons manqué de rien, sauf peut-être à la fin de cigarettes ! Je tiens également à signaler que nous sommes bien entendu restés respectueux du théâtre, nous n’avons évidemment rien dégradé. Seulement dormi dans les fauteuils et sur la moquette.

Comédie Française

Gazette Debout : Contrairement au théâtre de l’Odéon, il n’y a eu aucune violence policière à déplorer devant la Comédie Française. Comment expliquer cela ?

Floryan : La Comédie Française est un lieu hautement symbolique, au cœur d’un quartier ultra-touristique. Des centaines de cars passent devant tous les jours, les CRS ne pouvaient pas balancer des bombes lacrymogènes, cela aurait fait désordre. D’ailleurs, pendant les deux jours d’occupation, ils sont restés assez discrets, attendant au chaud dans trois camions stationnés aux abords. La place est un lieu assez difficile à cerner, contrairement à l’Odéon, qui est entouré de petites rues aisément bloquables.

Gazette Debout : Pourquoi avez-vous décidé de libérer le théâtre alors que l’Odéon était encore occupé ?

Floryan : Nous n’étions plus que 20 personnes et nous avions de plus en plus de mal à tenir face à la pression du directeur. Chaque jour de représentation en moins représente une perte financière importante pour le théâtre. Sans oublier les employés, dont le salaire est affecté en conséquence. De plus, il y a eu des avancées concrètes dans les négociations sur le régime des intermittents. Nous voulions à la base dénoncer les violences policières et notre message est passé. Nous allons maintenant poursuivre le combat avec Nuit Debout.

Comédie Française
Les manifestants ont même laissé des confitures !

Crédits photos:

  • Comédie Française 5: Floryan Reyne
  • Comédie Française 6: Floryan Reyne
  • Comédie Française 7: Floryan Reyne
  • CRS: DR

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