Nuit Debout Marseille : un emballement médiatique ?

TEMOIGNAGE. Hier à Marseille, la Nuit Debout s’est déplacée pour la première fois dans les Quartiers Nord… où elle s’est pris une belle douche froide, méritée à plusieurs titres. Manque de préparation et de concertation en amont, emballement médiatique, cloisonnement de la ville… Tout a joué contre la réussite de l’événement.

À la lecture d’un compte-rendu du journal Le Monde, voici ma première réaction : dommage que les journalistes ne soient pas capables de voir leur propre part de responsabilité dans cet échec, eux qui ont pourtant largement relayé l’annonce de cette rencontre par ‪#‎nuitdeboutmarseille‬ sans vérifier l’information, ni se poser la question de l’accord préalable des associations et habitants de la cité des Flamants…

Dans cet article du Monde, j’apprends que « Félix, 31 ans » a découvert hier les quartiers Nord, comme tant d’autres habitants du centre-ville, largement sur-représentés hier. « Félix » était pourtant l’année dernière à la réunion de la coordination nationale de ‪#‎passansnous‬ qui se tenait alors à Malpassé, une cité voisine, où aucun journaliste n’était présent pour rendre compte d’un élan de radicalité politique à longue portée : la centaine d’habitants et d’associations des quartiers Nord s’étaient levés pour défendre leurs quartiers en demandant la solidarité du centre-ville (dont j’étais un des très rares représentants) face aux attaques répétées d’une mairie centrale incompétente en matière de politique de la ville, et d’un Front National qui ne cesse de harceler les habitants des cités depuis que Stéphane Ravier a été élu maire des 13e et 14e arrondissements.

Un autre monde est possible

Hier, par contre, les journalistes étaient tous là… Libération, Le Monde, L‘Express et j’en passe. Comme l’a rappelé avec verve Fatima Mostefaoui, coordinatrice de #passansnous, une rencontre a pourtant bel et bien eu lieu à Marseille, une rencontre qui en dit long sur la distance à parcourir pour construire un espace politique commun à tous les Marseillais… Une distance bien plus longue qu’une demi-heure de transport public (sic).

Marseille, une ville où les « gated communities » prolifèrent sur la peur et les clichés que véhiculent aussi les journalistes et les politiques, toujours prompts à éviter de se poser la douloureuse question de leur responsabilité dans le « confinement » des espaces sociaux et dans l’échec du vivre ensemble.

Pour conclure cette réaction à chaud, malgré les critiques de l’article du Monde, je tiens à répéter un point important : la rencontre entre les « Quartiers Nord » et le « Centre-Ville » a bel et bien eu lieu hier à Marseille. C’était une première du genre, et un seul mot d’ordre en est ressorti : partageons l’envie d’agir ensemble pour une ville et une vie meilleures ; n’ayons pas peur de constater nos divergences et notre inexpérience commune ; préparons-nous à converger là où nos droits doivent être défendus de concert.

Félix Blanc

Crédits photos:

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4 réactions sur cet article

  • 24 avril 2016 at 20 h 22 min
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    Bonsoir, je participe à nuit debout marseille depuis 3 semaines, et j’étais hier soir aux flamants. Cet article du Monde que vous évoqué nous a tous choqués, et à plusieurs titres. Un communiqué a été rédigé et est proposé à l’AG de ce soir (exceptionnellement je n’y sui s pas pour des raisons personnelles, mais ça ne m’empêche pas de vous apporter ce commentaire).
    Pour la plupart d’entre nous, cette soirée est une grande satisfaction. Certes il y a eu des maladresses et des quiproquos dans la préparation de cette soirée, mais la parole s’est libérée, des murs de chimère se sont fendus et ont commencé à s’effondrer, et avec les habitants du quartier des contacts sont noués. Nous sommes prèts désormais à travailler ensemble sur des bases saines. Nous déplorons aussi que la journaliste du Monde n’ai pris la peine (à en juger par la lecture de cet article) que d’interroger cette unique personne qui n’est reconnue en rien par les participants réguliers de nuit debout marseille, ce monsieur Gérald ne fait que trainer autour des assemblées sans jamais y participer, mais par contre se précipite devant chaque caméra ou micro qui traine… Nous le savons et cherchons une manière douce de remédier au problème qu’il pose, car outre s’ériger en porte parole qu’il n’est pas, pas plus qu’un autre, outre qu’il n’est en rien une cheville ouvrière car aucun de nous ne l’a jamais vu travailler pour mettre en œuvre et faire vivre nuit debout, il a tendance par son discours à nous coller une étiquette front de gauche que nous rejettons comme toutes les autres étiquettes de partis politiques et qui de plus nous pose problème dans le liant social que nous essayons de recréer. Aucun d’entre nous qui étions aux flamants et sommes actifs dans nuit debout n’a hélas été interrogé par le journaliste du monde. Le groupe comm’ de nuit debout marseille devrait normalement publier un communiqué d’ici demain. Merci de votre attention, nous restons debout et on lâche rien, même face à l’entrisme de quelques personnes malhonnêtes. Évidemment je ne fais ce commentaire qu’en mon propre nom.

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