Nuit Debout et l’interfacs bloquent le gala de Sciences Po

REPORTAGE. Il n’a fallu que quelques minutes pour bloquer l’entrée principale du Palais Brongniart, où se tenait ce vendredi 22 avril le gala annuel de Sciences Po. Quelques heures plus tôt, on révélait à la réunion « interfacs », qui regroupe des membres d’universités et écoles parisiennes dont Sciences Po, l’action tenue secrète jusque-là.

Sur le principe, l’idée d’une opération contre les « bourgeois » et le « système élitiste » où les étudiants de Sciences Po vont pouvoir rencontrer Emmanuel Macron « pour leur carrière » fait presque l’unanimité. Il s’agit d’introduire un énième « grain de sable » dans les rouages du « système néolibéral », pour reprendre les termes de Frédéric Lordon le 19 avril. Mais la réunion hebdomadaire doit se poursuivre et tout le monde ne peut pas participer à l’action. Une quinzaine de manifestants partent immédiatement pour la place de la Bourse, dans le IIè arrondissement de Paris.

Surprise à l’arrivée au métro Bourse : une quarantaine de manifestants de Nuit debout les rejoignent. En quelques secondes, le groupe se poste devant la petite entrée où les agents sont censés contrôler les invitations et bouchent l’entrée avec trois poubelles. En chantant quelques slogans. Le tout avec une facilité déconcertante.

Aucune résistance de la part des agents de sécurité. Les manifestants dévoilent alors plusieurs banderoles, parmi lesquelles « Votre violence est symbolique, la nôtre est légitime ». Il est 19h15 et la « coupe d’accueil » doit être servie aux invités dans quinze minutes.

Gala SciencePo

Le gala de Sciences Po, qui conclut l’année scolaire par de grandes festivités dans un lieu prestigieux, est ouvert à tous. Ou plutôt, tous ceux qui paieront 45 €, 40 € pour les étudiants boursiers. Et la première partie de soirée est exclusivement réservée aux étudiants de cinquième année puisqu’ils pourront prendre part au « dîner gastronomique », avec des personnalités politiques ou du monde de l’entreprise. Le reste des étudiants ne pourra entrer qu’à partir de 23 heures pour une soirée qui durera jusqu’à 5 heures du matin.

Au bout d’une quinzaine de minutes, une quarantaine de jeunes gens dans leurs plus beaux atours s’attroupent devant les entrées du bâtiment. Il y en a au moins quatre et les manifestants parviennent à se répartir pour bloquer les trois qui sont ouvertes ce soir. Les grilles sont relativement hautes, mais quelques téméraires parviennent à les franchir, non sans risque.

Gala SciencePo

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Quarante minutes après le début du blocage, les esprits commencent à s’échauffer. Plusieurs étudiants de Sciences Po tentent d’engager une discussion avec les manifestants. En vain. Un étudiant en vient aux mains, puis tente de passer en force. Le groupe de manifestants se soude et l’étudiant abandonne, non sans quelques noms d’oiseaux.

Un autre étudiant avoue ne pas comprendre : « Nuit debout, ils m’avaient, jusque-là ». On lui explique que l’action est moins contre les personnes que contre un système de copinage, où la sélection se fait par l’argent. Des manifestants se moquent du mail d’invitation au gala dans lequel les étudiants sont renvoyés vers un tailleur sur mesure pour se faire faire un costume aux alentours de 500 €.

Gala SciencePo

Vers 20h15, quatre fourgons de CRS se postent discrètement derrière le palais. Cinq minutes plus tard, une vingtaine de policiers viennent lentement encadrer les manifestants et font reculer les invités. Une petite dizaine de fourgons arrive encore de la rue Réaumur vers l’entrée principale, d’où sortent soudain une trentaine de CRS armés qui chargent les manifestants afin qu’ils partent d’eux-mêmes. Les manifestants qui résistent sont pris dans une nasse. La circulation est entièrement bloquée et les CRS se déploient rapidement. Au bout de quelques minutes, les manifestants sont libérés sans interpellations, mais des bombes de peinture et un mégaphone sont confisqués. Il est 20h30, le gala commence. Avec une heure de retard.

Texte et photos Grégory Halpaé

Crédits photos:

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