Nuit Debout : l’avenir est-il à l’Union Sacrée ?

REPORTAGE. Un village s’est installé place de la République. Depuis trois semaines, des centaines de personnes viennent chaque jour débattre, échanger leurs idées, parfois dans un joyeux brouhaha. Mais beaucoup se posent la même question : et après ? Il semble évident que les gens ne resteront pas éternellement ici.

Pour tenter de répondre à ce délicat problème, le journal Fakir a réuni le 20 avril (#51Mars) à la Bourse du Travail plusieurs interlocuteurs appelés à faire des propositions.

« Il ne faut pas tomber amoureux de soi-même », prévient Serge Halimi, directeur du Monde Diplomatique.

François Ruffin, fondateur du journal Fakir et réalisateur du film Merci Patron ! se veut pragmatique : « il nous faut un plan de bataille ».

Son idée est simple : réussir l’union entre la jeunesse et les syndicats pour une gigantesque manifestation le 1er mai.

« Pour qu’un moteur explose, il faut deux ingrédients qui se rencontrent. S’ils sont séparés, le moteur n’explose pas. Nous devons revenir sur la fracture de mai 68 et faire fonctionner ensemble la jeunesse et le mouvement syndical. »

Une position qui a fait grincer les dents de certains participants à Nuit Debout. « Le mouvement est censé être apolitique, ni de droite ni de gauche. Je suis écoeuré par cette récupération », s’exclame Romain, un périscopeur de la place.

L’idée de la grève générale reconductible a été évoquée à plusieurs reprises. Il existe d’ailleurs une Commission Grève générale dont les représentants ont demandé l’aide des syndicats.

« On n’y arrivera pas tout seul. »

Tag : "A la fin"
Tag : « A la fin »

« Il faut bloquer les lieux du pays. Notre capacité de nuisance est démultipliée si on s’appuie sur les citoyens de Nuit Debout », a déclaré un représentant de la GCT Isère.  Il est le seul à tenter de faire amende honorable sur le fonctionnement très corporatiste des syndicats. « Nous devons sortir d’un syndicalisme trop institutionnel, penser une approche syndicale moins austère, plus ouverte, avec plus de démocratie directe. »

L’économiste et philosophe Frédéric Lordon, dont la verve particulièrement vindicative (regarder son intervention ici) a été longuement applaudie, déclare : « s’il n’y a plus d’alternatives dans le cadre, il y a toujours l’alternative de refaire le cadre. »

Une grande foule dans la Bourse du Travail pour réfléchir à l’avenir de Nuit Debout.
Une grande foule dans la Bourse du Travail
pour réfléchir à l’avenir de Nuit Debout.

En bref, le mouvement doit passer à un stade supérieur et devenir adulte. Une évolution qui ne sera pas facile, pour Serge Halimi. « Il faut une agrégation autour d’un objectif commun, c’est moins exaltant que l’organisation d’un concert. »

Croisé le lendemain sur la place, François Ruffin semble un peu stressé. Le monstre qu’il a contribué à créer serait-il en train de lui échapper ? « Nous devons avancer » martèle-t-il, peut-être désemparé par les discussion parfois stériles de l’Assemblée générale.

« Nous devons trouver un juste milieu entre les deux extrêmes, entre un système de hiérarchisation très vertical et l’universalité horizontale, qui peut mener au populisme », remarque Mattéo, élève avocat.

Vers quoi se dirige Nuit Debout ? Bien malin qui saurait le dire. En attendant, la mobilisation sur la place ne semble pas faiblir.

NB : Gazette Debout s’efforce de rester impartiale, mais dans de telles circonstances, l’objectivité est parfois une gageure. Nous vous invitons donc à visionner l’intégralité du débat pour vous faire votre propre opinion.

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  • Camion de François Ruffin: Gazette Debout

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