Loi El-Khomri : lacrymaux et répression pour les étudiants et lycéens parisiens

Jaurès, jeudi 14 avril 2016, 13h15. À peine dehors, les lacrymaux qui inondent déjà l’air indiquent la présence du rassemblement contre la Loi El Khomri. Les manifestants dispersés sont en pleurs, bouteille d’eau à la main. Hagards ils toussent, crachent ou cherchent du sérum physiologique.

« Quelle est la situation ? » demande un étudiant qui vient d’arriver pour former le service d’ordre inter-fac. « Les lycéens sont pris dans la nasse » lui répond un de ses camarades.

Au coin de la rue, la manifestation lycéenne est retranchée contre la vitrine d’un bar, bloquée par un cordon policier. « Et la liberté de circulation ? » objecte un passant scandalisé aux uniformes qui restent stoïques. La foule se presse face à eux en scandant « libérez nos camarades » et de nouveau les lacrymaux se répandent.

C’est dans ce contexte de forte présence policière que le service d’ordre inter-fac s’installe. Dans les airs, les manifestants sont surveillés par un drone et au sol encadrés par un double cordon de CRS. Face aux boucliers qui se lèvent, le service d’ordre est le seul rempart des manifestants. L’ambiance est électrique, une matraque se lève et frappe.

C’est alors qu’un policier en civil intervient en demandant le calme et en réclamant le responsable. Celui-ci arrive et justifie le comportement de ses subordonnés en répondant qu’il n’était pas au courant et qu’il n’avait pas vu le brassard de police que son collègue porte autour du cou. Les étudiants rient jaune mais attendent dans le calme que les lycéens les rejoignent. Tout à coup, un mouvement de foule propulse les lycéens en tête de cortège, c’est la panique. En marge du rassemblement les interpellations débutent. Au total, on en dénombrera quatre pour jets de projectiles.

« On est tous ensemble ou pas ? » demande alors un manifestant mécontent du service d’ordre étudiant qui n’encadre pas le cortège lycéen. Son point de vue semble partagé par quelques membres du service d’ordre qui ne comprennent pas pourquoi les lycéens ne sont pas avec le reste des manifestants.

Un peu plus tard, sur le boulevard Magenta, le même policier en civil demande au service d’ordre de s’arrêter pour laisser de l’espace entre le cortège encadré par le service d’ordre et le reste.

« C’est quoi le reste ? Les mauvais manifestants ? » demande-t-on au policier qui s’éloigne sans vraiment répondre. « Il n’y a pas de mauvais manifestants, nous devons nous réunir tous ensemble » objecte Adrien dans les rangs. « Ce n’est pas ça la convergence des luttes, ce n’est pas ça Nuit Debout ! » La question n’a même pas le temps d’être élucidée que des bruits de tirs de lacrymaux retentissent en arrivant à République.

La manifestation qui regroupe 1700 personnes est stoppée prématurément sous le regard des CRS qui bloquent tout accès de la place. Mouvement de panique et bousculade, le service d’ordre se désagrège. Tous se dispersent en courant, les yeux rougis par les gaz. Plongée dans la fumée blanche, la place de la République semble disparaitre le temps d’un instant avant de se réorganiser pour Nuit Debout.

Anaïs O. Descharnes

Crédits photos:

  • Collages #3-2: Stéphanie Pouech / DR

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *