#HackathonDebout : comment les geeks de Nuit Debout préparent l’avenir du mouvement ?

Les activistes de Nuit Debout ainsi que de nombreux acteurs de la Civic Tech se sont réunis à Paris les 25 et 26 juin pour faire émerger les outils de création d’une vraie démocratie collaborative. Cette rencontre est également à l’initiative de la commission Numérique de de Nuit Debout Paris.

Dans les grandes salles aux vieilles pierres rugueuses de l’hôpital désaffecté Saint-Vincent de Paul à Port Royal, l’ambiance était bon enfant et studieuse. Les participants ont enchaîné deux jours d’ateliers et de discussions pour produire un travail ambitieux : concevoir des outils qui, au-delà de servir à Nuit Debout, répondraient aux exigences de toute personne en quête d’entraide et d’horizontalité. De quoi créer des systèmes politiques et économiques alternatifs, s’organiser pour répondre aux exigences du réel et proposer d’autres façons d’informer et d’apprendre. Ce week-end était un premier rendez-vous, pour poser les bases à la conception de nouveaux outils. De ce point de vue il fut une réussite.

En support de cet article, des mind map détaillés des propositions issues des ateliers :

Vue d’ensemble du hackathon

Software e-democratie

Projets complémentaires

La méthode : libre et itérative. 

Ce hackathon se voulait inclusif et non dirigiste. Via twitter avec le hashtag #HackathonDebout, des périscopes, ou encore l’outil questions.nuitdebout.fr, des internautes qui ne pouvaient se déplacer à Paris ont pu participer à l’évènement. Aucun thème n’était prédéfini et toutes les propositions étaient encouragées. Citoyens, activistes, développeurs, porteurs de projets, intellectuels ont travaillé ensemble. Les développeurs ont pu se nourrir de cette émulsion, de ce forum ouvert, afin de développer des outils utiles à la suite : un outil d’organisation augmentée des places ainsi qu’un annuaire participatif des solutions d’e-democratie. 

Le numérique avec le réel en ligne de mire

Les premières réunions de la matinée furent consacrées aux remontées d’expérience du terrain. Les participants tenaient en effet que le réel soit une composante indiscutable des projets numériques : de l’occupation des places, des actions jusqu’aux organisations et associations impliquées dans le progrès social. Les témoignages se sont succédé pour rapporter les avantages et inconvénients de l’auto-organisation de la place de la République, à la fois dans ses délibérations et dans ses fonctions sociales.

L’e-Démocratie en quatre axes

Pour construire une e-démocratie, quatre éléments sont essentiels. L’information, les réseaux d’acteurs (activistes, communs, associations), les outils de construction collaborative et le modèle économique. L’information d’abord, car on ne peut juger et se prononcer sur un sujet que correctement informé. Mais cette information fonctionne à géométrie variable car les mass médias se focalisent sur quelques thèmes, délaissant d’autres problématiques pourtant essentielles. Mais Nuit Debout a montré la puissance de l’information citoyenne : périscopeurs, blogs alternatifs, Gazette Debout, Radio Debout ou encore TV Debout. Ce foisonnement d’initiatives rend toutefois plus difficile l’accès à l’information, noyée dans une nébuleuse de contenus. Des fonctionnalités permettant de remettre cette information dans son contexte historique et géographique ont été imaginées.

Second socle de l’e-démocratie : les réseaux d’acteurs. Il existe aujourd’hui de nombreuses alternatives à l’économie traditionnelle, des activistes prêts à se rencontrer et s’organiser pour le progrès social. Mais face à la difficulté de communiquer les besoins de Nuit debout auprès d’un public désireux de participer, il faut trouver des solutions. On pourrait notamment utiliser le site communecter.org, qui relie sur une carte interactive citoyens et biens communs en leur fournissant les outils pour s’auto-organiser, communiquer, partager leur expérience, leurs ressources et leurs talents. Ce site open source encourage la participation de tous dans son élaboration, mériterait un verni plus dynamique. Un groupe de travail à l’issue de ce hackathon a été constitué pour apporter les derniers éléments afin de le rendre plus opérationnel aux besoins de Nuit Debout.

Enfin, l’aspect économique a été étudié. Comment permettre aux acteurs d’une démocratie alternative de ne pas sacrifier corps et âme, de ne pas s’épuiser ? La question des monnaies alternatives, des blockchains et monnaies virtuelles ont été soulevées.

Voici le lien vers la carte mentale des propositions issues de ces ateliers.

Vient ensuite ce qui regroupe tous les outils permettant la construction collaborative d’idées, de projets de société, via le débat, le vote …. Les solutions de démocratie en ligne sont pléthore. Cependant après de nombreux tests et évaluations, nous avons conclu à la commission numérique qu’aucune ne répondait à toutes les exigences nous ayant été transmises. Ces solutions sont souvent conçues pour répondre à une clientèle d’institutions, associations, ou entreprises privées. Leur périmètre ne va souvent pas au-delà de la consultation. La question du consensus s’est également posée. Comment un consensus peut-il être possible quand des intervenants aux idéologies opposées doivent prendre des décisions sur un sujet comme au sein de Nuit Debout ? L’approche retenue est de procéder par regroupements libres et affinitaires. Des personnes partageant les mêmes idées pourraient avancer sans entrave dans la progression de leurs idées. Ainsi, au lieu de traiter une question de façon conflictuelle, il sera possible de proposer des visions différentes de ces questions, le citoyen n’aurait plus qu’à choisir entre différents scénarios. Plus de détails dans la carte mentale d’analyse des besoins.

Les outils développés lors du hackathon

Les équipes ont donné naissance à un outil de visualisation de micro-tâches qui pourra être une base pour se repérer dans l’espace social de Nuit Debout. Il permet d’orienter les citoyens dans l’organisation concrète d’une place. Plusieurs personnes ont ainsi passé leur week-end à bricoler avec les outils du bord pour aboutir à un assemblage allant de la collecte des micro-tâches à la cartographie web. Vous pouvez découvrir l’intégralité du projet sur ce lien.

Parallèlement, les développeurs avec le concours de membres d’etatlab ont conçu un portail : Open data, plateformes de consultation citoyenne, outils de suivi et d’élaboration collaborative de la loi, forums, civic-tecks, plateformes en ligne d’évaluation des plans d’action nationaux. Avec la volonté de référencer ces nombreux logiciels et services numériques à travers le monde, développés et utilisés par les administrations ou par la société civile, au service de tous. Pour accéder à l’outil c’est par ici.

OGP toolbox, liens pour les développeurs :

Editeur – Source de l’éditeur – JSON Schema et schema UI – Plus d’informations sur les schémas 1 – Infos schémas 2 – API de l’editeur – Source de l’API – Source du front web et des données

La suite ?

Ce hackathon a permis de poser un socle nécessaire à l’élaboration fonctionnelle de nouveaux outils. D’autres rendez-vous auront lieu pour arriver progressivement à leur réalisation : d’abord une réunion pour rentrer d’avantage dans le concret de ces projets numériques, en se focalisant sur l’ergonomie et l’interface graphique. Ensuite, une réunion axée sur les outils, les briques open source utilisables pour finaliser le cahier des charges, qui sera mis à profit dans un ultime rendez-vous : un hackathon 100 % dirigé vers le développement.

A suivre via Twitter sur #HackathonDebout ! ou sur notre page facebook.